8 décembre 1999

André Gunthert

Entre métaphore et utopie, les usages du modèle photographique

Réservoir d'énigmes autant que point de repère des modalités de la représentation, la photographie aura constitué tout au long du XXème siècle l'un des creusets les plus féconds d'une interrogation du visible. De l'utopie d'une déconstruction de la mimésis (L. Moholy-Nagy) à la figure indicielle comme référent de l'art contemporain (R. Krauss), en passant par le désenchantement de la représentation (W. Benjamin) ou la constitution d'une heuristique du deuil (R. Barthes), le modèle photographique fournit à l'élaboration théorique un vaste champ d'expérimentation. A la croisée des questionnements les plus variés, diversement requis selon les emplois qu'il suscite, il forme une manière de carrefour obligé de la réflexion contemporaine.

Plutôt que d'amener à la définition d'une essence de la photographie, la prise en compte de l'ensemble de ces élaborations suppose au contraire d'évaluer le modèle photographique pour sa plasticité et sa fécondité théorique. Entre métaphore et utopie, la photographie apparaît comme un instrument de l'interrogation et de la constitution de notre apport au visible, mais aussi à l'art, au politique et à l'histoire ou encore à la vérité, au sujet et à la mort.