Le cadre définit quatre bords à limage et conditionne de fait sa fabrication et son sens.
Mais cadrer, cest isoler, focaliser lattention, remplir, vider, exclure, rassembler, juxtaposer, hiérarchiser
: le cadre est une responsabilité. Tout en tenant le référent à distance, en linstituant comme objet du regard, le cadreur façonne un nouveau réel, construit un nouvel espace. Cest à ce prix aussi quil documente.
Affirmer que limage photographique est une empreinte obtenue par réflexion ou émission de rayonnements électromagnétiques par lobjet référent confère une légitimité scientifique à la photographie artistique et, partant, à lhistoire de lart. Mais une telle analyse peut conduire à occulter cette part de lintention et du corps de lauteur, à faire oublier que le cadre est une signature, un engagement et, déjà, une action.
Si, schématiquement, le concept de cadre est lié aux dispositifs de prise de vue et concerne (plutôt) limage fixe photographique, celui de champ appartient aux dispositifs de réception et reste lié de préférence à limage animée cinématographique. Il désigne ce monde diégétique, non réel mais possible qui se prolonge indéfiniment au-delà des bords de lécran. Dans les salles obscures, cest au champ que limagination accorde son adhésion immédiate, sa confiance.
Lécran fait exister limage. Il est cette surface matérielle qui, en appelant linscription, la conditionne. Les lumières de nos écrans contemporains, consubstantielles aux images et aux textes, en affirment fortement lexistence.
Les images fragmentées, rendue discrètes, modulables pixel par pixel, autorisent dès lors lemprise dune hyperréalité. Des mondes nouveaux aux constructions parfaitement logiques, mais cette fois impossibles sont élaborés. Ils ne se superposent ni à lunivers documentaire ni au monde fictionnel de la photographie ou du cinéma. Un il-écran saffirme : celui de transgressions facilitées du réel.
A lheure où se brouillent les frontières entre la photographie (créée par la lumière) et limage écran (diffusée par la lumière), il reste à analyser ce qui, de limage contemporaine, appartiendrait à limage même, à ses outils, à la signature de ses auteurs. Ce qui relèverait de luvre et du hors-duvre .
Alors que semblent simposer la prise de vue, la retouche, le catalogage et la diffusion numériques, il reste à se demander ce qui, dans nos encadrements contemporains, relève encore du cadre analogique, du champ cinématographique.
Ce séminaire qui accueillera, autour des uvres, plasticiens, scientifiques, historiens et philosophes de la photographie, devrait permettre de fournir des éléments de réponse précis.
M. S.
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