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12 mars 2003

Jean-Louis Garnell

Découpes

Jean-Louis Garnell écrit en images. Sa vie, la réalité simple. Le chantier d'un univers quotidien, une famille, les draps défaits et l'étirement du matin, la cuisine et les gobelets IKEA (colorés), les vacances, la nuit glissant sur le lac, les musées de Berlin, les mauvaises herbes poussant dans ses NBC (Noir et blanc couleur). La photographie allonge le temps, calme le jeu au-delà du crédible. On ne croit pas à tant de bonheur. Tant pis ! Garnell s'entête, aggrave son cas mais la réalité se rebelle et les photographies résistent. Autonomes. Une image en appelle inévitablement une autre. Elles cohabitent, se télescopent, se superposent en de complexes correspondances. Changent lorsque le photographe se procure un nouvel appareil. L'écriture - car ce photographe là est un écrivain - témoigne d'une tension permanente entre la personne et son " être au monde ". Lui, jamais là mais toujours présent. Qu'est-ce qui résisterait au photographe ? Qu'est-ce qu'il serait obligé de laisser tomber ? Presque tout ! répond-il. Le quiétisme de Jean-Louis Garnell s'affronte au temps. On est transporté par les lumières de la nature mais on ne s'afflige pas des dégradations du paysage. C'est ainsi.
Garnell, ses villes et ses bords de route à l'instar d'un Walker Evans déambulant dans les faubourgs.

M. S.

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