10 mars 2004

Yann Kersalé

Présentation de travaux

« Ce qui m’intéresse, c’est de pénétrer au fond de l’objet, de saisir la résonance qui naît de sa seule existence. Un théâtre n’est pas seulement un bâtiment qui reçoit du public : il possède une physiologie propre. Les acteurs, le public n’y sont pas présents en permanence. Les premiers ont leur période de répétition, le second assiste aux spectacles. Les organes vitaux d’un théâtre, d’un opéra sont en sommeil à certaines périodes. Puis ils se réveillent. Cet ingrédient physiologique dynamise, orchestre les pulsations de lumières visibles à l’extérieur. Je cherche à faire entrer en résonance le lieu et la programmation de la gestation des lumières, du crépuscule à l’aube : la plage entière de la nuit est libre. […]

J’ai projeté des lumières sur un arbre. Par la photographie, j’ai fragmenté l’objet produit. Réel et irréel à la fois, il a été transformé par les verts, les bleus, les turquoises… J’ai ensuite imprimé ces phénomènes sur des voiles que j’ai tendus sur les vitres d’une orangerie. J’ai découvert qu’en photographiant cela de nouveau, il est possible de créer les fragments d’une verrière improbable, magique. J’ai projeté de même des lumières étrangères sur un cactus de 6 mètres de hauteur. Je l’ai photographié, fragmenté. Mis en morceaux, il peut constituer, dans un autre contexte, le fondement d’une installation originale. Ce sont ces mises en abyme qui m’intéressent. Elles pourraient se poursuivre jusqu’à l’épure, n’être plus qu’une trace, un reliquaire : la pièce ultime de l’expédition-lumière. »

Yann Kersalé, « Au risque de la liberté », in Yann Kersalé, Editions Norma, 2003

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