Claude Gintz

Du degré zéro de la photographie
Photographie et conceptualisme (2)

Dans la seconde moitié des années soixante, de nombreux artistes trouvent dans l'image "moyenne" de la photographie, les sources paradoxales d'une grande richesse conceptuelle. Les qualités d'automaticité, de neutralité, d'indicialité, de reproductibilité, de ready-made, de la photographie, ses aptitudes documentaires, sont mises à profit pour développer de nouvelles démarches plastiques. Cet éloignement de la peinture accompagne en corollaire la négation d'une esthétique photographique moderniste telle qu'avaient pu la développer Moholy-Nagy ou Rodtchenko. Ce voisinage entre arts plastiques et photographie ébranle ainsi l'un et l'autre des deux domaines.

De nombreuses stratégies du photographique se développent, toutes soucieuses de ne pas s'impliquer dans le chantier même de la photographie : depuis Gerhard Richter qui ouvre la voie du conceptualisme en déclarant que "le faire doit se dérouler sans participation de l'intériorité", jusqu'aux artistes pour lesquels la photographie permet de satisfaire aux contraintes muséales et facilite l'inscription dans la postérité.

Loin de s'en tenir aux simples rapports de rivalité ou de coopération entre les deux domaines, le critique d'art Claude Gintz montre avec finesse, à partir des oeuvres elles-mêmes, comment l'art pauvre de la photographie, ses caractéristiques indicielles, constituent, du fait même d'une apparente homogénéité, un véritable traceur du monde de l'art.

M. S.

La séance continuera par une intervention de Evangelos Athanassopoulos sur une oeuvre de Lawrence Wiener.

Présentation de l'intervention précédente de Claude Gintz le 14 mai 2003